2023 Comme une araignée (documentaire, durée 55', en cours de montage )


Je dialogue avec Patrick, photographe depuis plus de quarante ans, qui renonce provisoirement au matériel photo professionnel pour se consacrer à un mode de prise de vue plus léger avec son smartphone. Il fait des images sur le vif, en toute discrétion. Son univers visuel embrasse le portrait de clients de café, ses proches, des paysages composites qu'il assemble sur son smartphone. Des personnes regardent et commentent ses images pour offrir un autre regard sur son travail.
La note d’intention :
Je connais Patrick depuis une quarantaine d’année, nous vivons dans la même ville. Nous partageons un goût commun pour la photographie, et j’apprécie particulièrement son travail. Il a commencé dans les années 80. En 1990, il réalise une série au 6 x 6 issues des Serres du jardin botanique dont il a suivi l’évolution sur plusieurs mois. Il s’est également intéressé à faire le portrait des personnes de son entourage pour en constituer une série nommée « un jour je vous ai peut-être photographié ».
Maintenant, Patrick à d’autres désirs d’images avec des moyens techniques beaucoup moins sophistiqués. Il utilise un smartphone pour sa commodité. Il agit en errance dans des lieux publics, surtout des cafés et capture des instants sur le vif. Une autre de ses pratiques consiste à assembler en surimpression des paysages, sortis de leur contexte, pour créer une image purement poétique. Grâce à sa culture de l’image et son expérience, son regard sur le monde trouve toute sa pertinence avec la technologie du smartphone.
Ce qui m’intéresse, c’est la parole associée à l’image. Ce que l’on raconte. J’instaure un dialogue avec Patrick en regardant ses planches tirées sur papier. Nous croisons nos discours à partir de ce que nous regardons ensemble. Lui, me confie souvent les circonstances de la prise de vue. Moi je lui renvoie une impression, forcément subjective, qui provoque sa parole.
Pour augmenter la portée de ses photos, « l’Aura » au sens de Walter Benjamin, je vais enregistrer d’autres personnes, inconnues du photographe qui viennent de différents milieux professionnels, différents âges, différentes origines. Elles commentent d’une façon impulsive et spontanée les images qu’elles découvrent sur un écran, créant une sorte constellation d’images et de son qui définissent les contours d’un travail artistique, mais plus largement qui pose des questions sur l’image et sa perception.